Haut Atlas Marocain : Six jours à VTT








9h30. Aéroport Marrakech Ménara. Sur le parvis, Abdou le Magnifique attend ses visiteurs. Bagages récupérés, salutations pour certains et retrouvailles pour d’autres, pas de temps à perdre, embarquement dans un grand van, VTT chargés et en route pour 3h de voyage. Direstion Est vers notre cible tant attendue : la montagne. Pas n’importe laquelle : le Haut Atlas. Arrêt thé à Sidi Rahal sous les arbres fruitiers et déjà sous la chaleur. Enfin la montagne à Demnate. Choix de l’organisateur de sortir et de s’éloigner de la ville. Direction la montagne et donc le désert. Alors, alors seulement, Abdou le Magnifique se métamorphose, perd sa chrysalide et devient Abdou le Chacal du Désert. Il connait son métier, c’est un pro. Toujours surprenant dans ses choix de bivouacs. Isoler son groupe dans le désert, le couper de ses repères occidentaux, opérer une rupture de l’agitation de nos villes et de notre confort, provoquer le dépaysement, pas d’eau à proximité, pas de lumière évidemment, repas à la mode Berbère, couchage sous la tente sur un matelas à même le sol. Il est fort Abdou, c’est une organisation rôdée, il est dans son territoire : l’Atlas avec ses regs et ergs





Le silence du désert ! Image poétique que l’on rencontre dans les livres et dans les documentaires télévisés. Le silence du désert c’est quoi au juste. Une nuit qui tombe tôt et rapidement, 19h30/20h, il fait nuit. Un isolement où vous êtes seul au monde. De la caillasse à perte de vue. Une belle nuit étoilée avec en prime la Voie Lactée (à propos, dans nos villes et nos campagnes éclairées, il y a bien longtemps qu’on ne la voit plus). Pas âmes qui vivent. Un chien hurlant au loin, un autre qui lui répond et puis encore un autre … Un âne qui braie, un autre lui répond et encore un autre… Au loin et on ne sait pas d’où il vient, où il va, s’il est sur une piste, un engin à moteur pétaradant à peine éclairé, passe dans la nuit. Des chiens errants, hurlant et bataillant pour la conquête féminine de la nuit. Et puis parfois, des bruits de pas dans le bivouac, un promeneur nocturne sans doute. Ou encore un troupeau de brebis et de chèvres qui passe le matin très tôt alors que le jour n’est pas levé. La nuit encore là, un défilé de paysans perchés sur leurs ânes chargés partant pour le marché local ou aux travaux des champs. Le silence du désert ! Le silence du désert ! … On dort très mal la première nuit.




Après quelques kilomètres d’asphalte, c’est la piste. De la pierre pendant environ 20 km pour atteindre le sommet du col. Un détail, un col dans l’Atlas n’a pas beaucoup de ressemblance avec nos cols en France. C’est une succession de montées et descentes plus ou moins longues avec une pente qui peut atteindre parfois les 15 à 17%. Dès les premiers km d’ascension : une surprise. François est arrêté par un homme à moto, il lui tend un téléphone et il est tenu d’expliquer qui on est, ce que l’on fait et où l’on va. Etrange !!! Nous ne connaîtrons jamais l’identité de l’homme à moto : nous l’appellerons « le ministre de la communication ». Bivouac au bord de l’oued Aït Bou Guemes dans la Vallée Heureuse. Dépoussiérage, toilette, laver les cheveux et les maillots, on ne sait pas si nous en aurons encore la possibilité.





On continue dans la Vallée Heureuse, végétation, plantation, arbres fruitiers, principalement des pommiers. Quelques centaines de mètres de piste et c’est parti pour la montée. En chemin, distribution de cahiers, stylos, crayons, feutres aux enfants des écoles que nous rencontrons. Et on monte toujours dans la caillasse pour atteindre, après 7km, un premier col à 2058m suivi d’une belle descente et on remonte au col des Gravures Rupestres à 2404m, kilomètre 14. C’est le nom qu’on lui a donné. En effet il y a des gravures sur pierre en plein air. Selon le panneau d’information, elles datent de 3500 à 4000 ans avant JC. Descente du col, déjeuner et sieste au bord de l’oued à Taghbalout avant de repartir pour une nouvelle montée de 5km avec des pentes de 12 à 17% dans des paysages magnifiques et de beaux plissements géologiques. Journée crevante. 3 crevaisons et 2 pneus changés. Avant de rejoindre le bivouac sur le terrain de foot en terre battue d’Agouti, quelques kilomètres de bitume : le repos du périnée.


10h48 GPS. Jeudi 3 Octobre. Agouti (Alt. 1848m) – Tighmi Aït Ahmed (Alt. du bivouac 2310m) – 42km- 3h58 de VTT – D+1088m – D-617m – Alt. mini 1793m – Alt. max 2932m – Temp. mini 16°C – Temp. max 37°C –

On part de plus en plus tard. Durant 15 km de « plat asphalté », nous traversons Tabant, ville animée et étudiante, ville du centre de formation des guides de montagne. Abdou y a fait ses études. La distribution aux élèves continue. Attaque du plat de résistance, une seule montée de 12km pour la journée avec alternance de « mal plat » entre 3 et 6% et de pentes longues très raides entre 8 et 14%. Les paysages sont toujours aussi splendides. Une vue magnifique sur le massif M’Goun, le seigneur du Haut Atlas avec ses 4068m. Après 2h de piste, le Tizi Aït Imi (Alt. 2932m) est atteint. Surprenant il y a un fort vent et la température avoisine les 25°C. Nous ne sommes pas les premiers, un groupe de trekker et leurs âniers vont finir le déjeuner. Nous attendons pour prendre la place à l’abri du vent. Il faut retaper l’organisme : lentilles et sauce au safran, ail râpée, cumin, piment doux, gingembre, tomates pilées, poivre et huile d’olive vierge accompagné d’un plat de crudités et d’une excellente préparation de Saïd. Pas de sieste aujourd’hui. Descente du col qualifiée de plutôt dangereuse liée à une alternance de passages très roulants et de pierres et sable. Bivouac au bord de l’oued Asif M’Goun à Tighmi Aït Ahmed. Moutons et chèvres pour la nuit.

9h10 GPS. Vendredi 4 Octobre. Tighmi Aït Ahmed (Alt. 2310m) – Bou Taghrar (Alt. du bivouac 1634m) – 59km- 4h28 de VTT – D+1191m - D-1706m - Alt. mini 1634m – Alt. max 3004m – Temp. mini 16°C – Temp. max 29°C-

Aujourd’hui nous partons un peu plus tôt. Nous avons une passagère supplémentaire. Une biquette achetée au gardien des chèvres et moutons maintenant propriété de Mohamed. Elle fera partie du voyage et aura une place de choix dans le camion. Après 2 km de plat, nous attaquons notre Graal : le Tizi n’Aït Ahmed à 3004m, 18km d’un effort soutenu et toujours alternance de montées et descentes. Usant ce col. Anecdote : nous avons de nouveau rencontré, cette fois-ci en voiture, un "ministre de la communication" en haut du col avec photos obligatoires. Nous basculons et déjeunons en bas du col à Amesker au bord de l’oued Amejgag. Sieste réparatrice. Abdou conseille de suivre la piste en bordure de la rivière. C’est un émerveillement. Gorges profondes … et étroites. Une variété de couleurs aux reflets ocres sous le soleil. La verdure, le sable, les pierres et les lauriers roses. Une bonne dizaine de kilomètres de bitume avant d’atteindre Tamalout. Arrêt au café pour un soda bienvenu, puis la zone de bivouac à Bou Taghrar sur la falaise surplombant l’oued M’Goun.

9h52 GPS. Samedi 5 Octobre. Bou Taghrar (Alt. 1634m) – Tizi (Kasbah Abdou Alt. 1408m) – 57km – 3h14 de VTT – D+368m - D-591m - Alt. mini 1401m– Alt. max 1724m– Temp. mini 16°C – Temp. max 34°C –

Abdou, en accord avec le groupe, change de circuit pour éviter les axes routiers. Direction : Est par la piste en suivant l’oued Dades. Superbe avec le soleil levant, les bergers, leur bétail, les dromadaires. C’est un reg assez difficile avant de rejoindre une route pour quelques kilomètres menant à Boumalne Dades. La ville. Voitures, camions, motos, vélos, bruits, agitation. Vite Abdou une piste, SVP. Changement de direction, cap Ouest. Plateau Anbed. Ce n’est pas tout à fait une piste, c’est une route en construction. Pas de circulation. Un peu d’asphalte pour commencer puis de la pierre, on devine bien le tracé de la future route. Direction Tizi chez Abdou dans la Vallée des Roses avec 2 passagères supplémentaires achetées à un berger sur le bord de la piste. Déjeuner préparé une dernière fois par Saïd et Mohamed, un savoir-faire or qu’on court (2). Fin de journée au hammam, peeling et décontraction. Excellent dîner préparé par Rachida, épouse de notre guide préféré. Tagine d’agneau. Une nuit dans un lit bienvenu et retour à Marrakech, en minibus, par le col du Tichka. Marrakech et son hôtel Foucauld, un peu vieillissant mais sur la place Jemaa el-Fna. Avion de retour lundi matin. Fin du voyage avec beaucoup de souvenirs et de photos pour les longues soirées d’hiver. Un énorme MERCI pour Abdou et son équipe, Saïd le Cuisinier inventeur de nouvelles saveurs et Mohamed le Pilote sur ces pistes cassantes, défoncées par les pluies torrentielles.

Date
Km
D+
D-
Temps de selle
Lundi 30 septembre 2019
10
126
121
0h34
Mardi 1 octobre 2019
36
1070
547
3h13
Mercredi 2 octobre 2019
46
1109
1059
3h36
Jeudi 3 octobre 2019
42
1088
617
3h58
Vendredi 4 octobre 2019
59
1191
1706
4h28
Samedi 5 octobre 2019
56
368
591
3h14
Total
249
4952
4641
19h03

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